Dans Mon Assiette, Oui ou Non?

By Tooker Gomberg, Toronto, Canada.

Mordre dans un épi de maïs fraîchement cueilli est une des petites jouissances que je m’accorde chaque été. Mais dernièrement, mon appétit en a pris un coup. On m’a dit que la plupart de nos récoltes de “blé d’Inde” sont génétiquement modifiées. Tout comme le seraient la majorité de nos cultures de soja et de canola. Sans qu’on le sache ni qu’on l’approuve, on se retrouve du jour au lendemain avec des supermarchés offrant plus de 60% de produits alimentaires contenant des OGM, des organismes génétiquement modifiés, ou transgéniques.

Mais ni vous ni moi ne pouvons faire la différence entre les produits alimentaires modifiés et ceux qui ne le sont pas.

De grandes mutlinationales comme Monsanto jouent avec le code mme de la vie : les gnes. Comment peuvent-elles faire mieux que la nature qui évolue depuis des millions d’années?

L’ingénierie génétique consiste à extraire une quantité microscopique d’un organisme naturel pour l’implanter dans un autre. Des scientifiques ont introduit, notamment, des gnes de poisson dans des tomates pour les rendre plus résistantes au gel.

Mais personne ne peut prévoir les risques de cette pratique commerciale. D’après David Suzuki, le célèbre généticien, auteur et animateur d’émissions de vulgarisation scientifique à la télévision, “tout scientifique qui prétend que les aliments transgéniques sont sans danger est soit stupide, soit menteur, car aucune étude sérieuse sur la question n’a été réalisée”.

Une autre sommité en la matière, Arpad Pusztai, a constaté en laboratoire que les organes vitaux de rats nourris aux pommes de terre modifiées étaient endommagés à long terme. Cette recherche a contribué en Europe à lancer un vaste mouvement contre les produits transgéniques.

Par ailleurs, notre société ne fait que commencer à réaliser les risques pour la santé qu’est l’épandage de produits chimiques sur les pelouses. Déjà, plusieurs municipalités du pays les bannissent. Dans le cas des BPC ou des DDT, cela a pris des décennies avant qu’on constate à quel point la santé de la population était menacée.

Mais c’est plus épineux pour les OGM, car une fois qu’ils font partie de la chaîne alimentaire, on ne peut arrter de s’en servir sans conséquences potentiellement graves. La principale inquiétude vient du fait que les récoltes transgéniques pourraient féconder d’autres plantes pour ensuite contaminer des semences établies depuis des millénaires, créant par le fait mme des “super mauvaises herbes” qui se propageraient hors de contrôle dans la nature.

Tout aussi préoccupante, la possibilité que des aliments génétiquement modifiés pourraient créer de nouveaux allergènes ou contaminer d’autres produits.

Qui paiera la note quand une récolte transgénique créera ce genre de situation?

Je veux avoir le choix de mettre ou pas de la nourriture génétiquement altérée dans mon assiette, tout comme les quelque 93 pourcent de Canadiens qui, selon un sondage, exigent l’étiquettage obligatoire de ces aliments. C’est le genre de mesure qu’ont déjà adoptée quelque 35 pays, offrant enfin un choix aux consommateurs. En Europe, les étiquettes de produits dont le contenu ne dépasse pas 1% d’OGM peuvent porter la mention “sans OGM”.

Mais au Canada, aucun étiquettage n’est exigé. Après le lobbying intensif de la part d’organisations non gouvernementales, un comité fut mis sur pied et un projet de loi rédigé. Sauf que les recommandations du comité se résument à proposer l’étiquettage volontaire et laissent aux producteurs le choix d’inclure 5% d’OGM dans leurs aliments tout en leur permettant de prétendre qu’ils sont “sans OGM”! Selon “le Conseil des Canadiens”, appuyé par quelque 80 autres groupes de pression ces propositions sont risibles car avec un pourcentage aussi élevé, la mention “sans OGM” est mensongère.

Il semble que le gouvernement fédéral place les intérts du Conseil canadien des distributeurs en alimentation devant ceux de la population.

Inquiet pour ma propre santé, j’ai donc décidé de poser un geste en allant faire mes emplettes. J’ai rempli mon panier avec des produits uniquement dérivés du maîs : des croustilles au maîs, de l’huile de maîs, du popcorn et des Corn Flakes.

Après tre passé à la caisse avec un reçu pour 66$, j’ai demandé à la caissière: “Y a-t-il des aliments transgéniques parmi ces produits?”. Elle ne savait pas et me référa au gérant à qui je demandai la mme chose.

Comme il ne pouvait me répondre, je refusai d’acheter les produits.

C’était un geste anodin en apparence. Mais un geste tout de mme. Imaginons maintenant que plein de gens décident de faire la mme chose. La congestion aux caisses serait insoutenable pour la direction des supermarchés qui serait obligée d’écouter et de réagir.

Je mords dans un épi de maïs biologique et je goûte pleinement la saveur d’un aliment naturel. Pour éviter d’absorber des pesticides ou des OGM, il n’y a qu’une solution: les produits naturels, certifiés biologiques. C’est tellement meilleur!