Toronto Islands: Oases of Calm / Les îles de Toronto, Oasis de calme

Par Tooker Gomberg: traduction: Marc Beaugrand-Champagne, Toronto, Canada.

Toronto’s car-free Islands show how joyful life can be without the tyranny of the automobile.

Darwin s’est émerveillé devant la beauté des Galapagos, ces îles lointaines où des animaux uniques avaient évolué à l’abri du reste de la planète. Je me suis souvent demandé si les humains pourraient un jour retrouver une harmonie de ce genre dans leur propre environnement.

Les îles qui alimentent aujourd’hui mon imagination se trouvent à une courte balade en traversier de la rumeur bruyante de Toronto. Et ce qui les rend uniques, c’est leur absence de trafic automobile et d’avenues en macadam: de véritables oasis où la nature conserve sa place. Des bans de sable qu’elles étaient avant notre ère, cette poignée d’îlots sur le lac Ontario sont devenues de luxuriantes parcelles reliées par des pistes cyclables.

Loin des réclames criardes et des icônes de la consommation, les insulaires de passage prennent le temps de ralentir pour réaliser à quel point vivre sans automobile frôle la béatitude. Les enfants gambadent sur les trottoirs en bois à un univers de distance des chauffards de la métropole.

Dans la plupart des villes nord-américaines, l’espace consacré aux véhicules motorisés occupe 40% du territoire. Or, dans des parcelles libres comme les îles de Toronto, c’est le merveilleux monde de la nature qui se développe. Arbres, arbustes, fleurs et marécages partagent l’espace avec les quelque 262 ménages qui en ont fait leur habitat. Ces insulaires se rencontrent au hasard d’une excursion en kayak, d’une partie de frisbee ou encore de farniente sur la plage où la pudeur conventionnelle est optionnelle.

Les territoires sans autos comme celui-ci font un retour en force, notamment dans les grandes villes outre-Atlantique. De nouveaux territoires urbains poussent ça et là, leurs parcs de stationnement situés dans la périphérie laissant place en leur centre aux «citoyens non motorisés».

Et pourquoi pas à Montréal ? La rue piétonne Prince-Arthur pourrait allonger un bras vers le centre-ville en passant par la rue Milton pour s’étendre en corridor vers le campus de l’Université McGill. Les stationnements du centre, reliés en réseau pourraient servir d’escale ou de passage aux bicyclettes et aux piétons. Dans ces jardins sans fumée, on pourrait laisser pousser des milliers, voire un million de fleurs !

Le Canada subit actuellement son été sans doute le plus chaud et le plus pollué de son histoire. Alors que l’air vicié qu’on respire nous brûle les poumons, nous devons éviter la crise que ce climat chamboulé nous amène. Des alternatives à la circulation automobile en délire et des moyens de valoriser le transport en commun, il nous faut en trouver pour faire évoluer nos villes. Sinon on ne se retrouvera qu’avec seuls refuges des endroits bucoliques comme les îles de Toronto.